Le marché des moulins domestiques est assez chaotique. Certains moulins sont excellents en filtre mais largement dépassés en espresso, d’autres à l’inverse sont clairement orientés sur l’espresso en délaissant le filtre, d’autres encore n’ont de domestique que le nom, avec des tarifs pouvant dépasser allégrement les 1000 euros, ou des formats peu adaptés aux cuisines… Tant est si bien qu’il en devient difficile de faire le tri lors d’un premier achat. C’est un des premiers objectifs du Niche Zero : s’affranchir des codes, tendre vers la simplicité, et proposer un choix unique orienté vers la polyvalence. Financé avec succès en 2017 sur la plateforme de crowdfunding Indiegogo, il a récolté plus de 2,5 millions d’euros en quelques semaines et fait depuis beaucoup parler de lui.
La rédaction de Café Mag a mis la main sur un exemplaire de ce moulin que certains classent déjà comme une référence. Alors, après plusieurs mois d’essai, que vaut le Niche Zero ?
Un design qui tranche
Premier constat, le design du moulin est à l’opposé de ce qui se faisait jusqu’alors. Essayez par exemple une simple recherche Google images « home espresso grinder »,…
Le Niche Zero s’appuie sur des différenciateurs clés au niveau de la couleur, des matériaux et du format.
Livré en noir ou, plus rare, en blanc, ses petites touches de bois (au niveau des pieds et du réceptacle) lui donne un côté raffiné auquel on ne pense pas forcément lorsqu’on évoque un objet voué à moudre des grains. En façade, un gros logo « Niche » s’affiche fièrement en noir et chrome. Le chrome (ou simili-chrome) se retrouve d’ailleurs sur le côté du moulin, au niveau du bouton marché/arrêt type aviateur, et tapisse le bac de chargement des grains. Le capot de fermeture du bac de chargement est lui en plastique transparent, et aurait mérité d’être un peu plus hermétique ; il nous est arrivé de voir des éclats de grains se glisser à l’extérieur.
Notons enfin que le corps du moulin est en aluminium, donnant un poids général très convenable de 4,1 kg et assurant un niveau de bruit étouffé à 72 décibels lorsque le moulin est en marche.
Dépourvu d’écran, le Niche Zero n’a qu’un seul bouton : marche/arrêt. Ou devrait-on dire « moudre/ne pas moudre ». Car tant qu’il est branché (une petite diode rouge en témoigne) le Niche n’est en fait jamais réellement éteint. C’est peut-être un des seuls points noirs, même si la consommation à l’arrêt qu’on imagine infime ne justifie pas forcément un interrupteur supplémentaire on/off.
Aussi compact soit-il dans sa taille avec ses 31 centimètres de hauteur, les créateurs du Niche ont également pensé à réduire son encombrement au maximum, en permettant d’enrouler son câble directement à l’intérieur du moulin ; pensez par exemple au câble d’un aspirateur.
Dernier point, et non des moindres, le Niche est livré avec un réceptacle en métal de 58mm, idéal donc pour transférer l’ensemble directement dans votre porte-filtre. Il n’y a par contre pas de broche pour insérer directement votre porte-filtre sous la sortie du moulin. Une version II du moulin avec une prise PF ou un accessoire à venir encastrer serait la bienvenue.
Les caractéristiques et le fonctionnement
Le Niche est un moulin micro-métrique et la palette de réglages est en fait bien plus large qu’elle ne laisse paraitre. Si la bague affiche 50 crans (de « espresso » à « filter drip »), il est en réalité possible de tourner la bague exactement où on le souhaite, donc de faire des demi-crans voire des « demi-demi-crans ». Mieux, la bague tournant de manière « infinie », il est possible d’aller plus fin ou grossier que les spécificités de base. Si autant de réglages vous font peur, rassurez-vous : après plusieurs mois de test sur machine espresso, nous sommes en grande partie restés sur un range de crans de 8 à 20. Les meules Mazzer, elles, sont coniques et de 63mm ; des caractéristiques généralement attribuées aux moulins professionnels.
Contrairement à beaucoup de concurrents, le Niche Zero est un moulin mono-dose (50g max.). Ce qui signifie que vous devrez à chaque fois peser vos grains en amont, les charger, les moudre, et ainsi de suite. Cette limitation n’en est pas vraiment une pour un moulin domestique, où l’utilisateur a en théorie bien plus de temps et moins de pression qu’en coffee shop. Nous le verrons dans le chapitre « Les performances », la rétention est incroyablement basse et donne tout son intérêt à ce mono-dose, (presque) plus besoin de purger entre deux settings !
Une fois vos grains chargés par le haut et le clapet refermé (sans quoi le moulin ne démarrera pas, question de sécurité), il ne reste qu’à déclencher l’interrupteur et attendre que tous les grains soient passés.
N’oublions pas l’entretien et la calibration du moulin qui, là encore, sont simplifiés au maximum.
La calibration se fait simplement en alignant la bague de réglage sur un repère au moment de l’emboîter avant de la visser. Le nettoyage, lui, se faire en retirant la bague de réglage, ce qui libère la meule supérieure que l’on peut alors nettoyer. Notons qu’un pinceau est livré avec le moulin pour aller déloger les restes de mouture coincés dans les pales du moteur.
Les performances
N’y allons pas par quatre chemins, le Niche est un très bon moulin. Ce pour plusieurs raisons :
- Une rétention presque nulle. Le « Zero » de « Niche Zero » est une promesse du constructeur que pour 1g de café en grain sortira 1g de café moulu, soit « zéro rétention ». Le moulin ne retiendra donc rien, aucune mouture de café ne restera coincée à l’intérieur. Dans les faits, c’est en très grande partie vrai. Il y a en réalité entre 0,1g et 0,2g qui sont retenus pour une dose classique de 18g. Le youtuber et barista The Real Sprometeheus a même filmé cette expérience avec 17,9g en sortie pour 18g en entrée, plusieurs opérations à la suite. L’espresso demandant une très grande précision, nous vous recommandons d’ajouter quelques grains en entrée, et d’ajuster la mouture de votre porte-filtre en sortie en enlevant le surplus. De fait, le taux d’échange (les résidus d’un café dans le café suivant) entre deux moutures se situe aux alentours de 0,3g.
- En plus des performances sur la rétention, l’électricité statique est réduite au maximum. La déperdition de café moulu « volant » qui vient se coller sur le moulin, le plan de travail et les appareils voisins n’existe pas sur le Niche grâce notamment au canal de sortie droit et donnant directement dans le réceptacle.
- La constance et qualité de la mouture. Opération après opération, la finesse de la mouture reste de qualité égale, et surtout, ne présente aucun défaut ou grumeau. Ce petit amoncellement est une faiblesse sur un grand nombre de moulins et peut avoir un impact significatif sur le channeling. Le Niche, de ce côté, est très satisfaisant. Les nombreux professionnels ayant testé le moulin s’accordent à dire que le résultat en sortie est très intéressant. De notre côté, couplé à notre Reneka Family Compact, nous avons grandement apprécié la précision de la micrométrie, où chaque cran permet de faire varier le temps d’extraction à la seconde (voire demi-seconde) près.
- La rapidité d’exécution. Calculez entre 1 et 2 secondes par gramme, selon la taille de la mouture choisie. Pour un shot d’espresso à 20g, votre mouture sera donc prête en 10 et 20 secondes. Ce n’est pas le plus rapide du marché, mais cette vitesse plus basse que certains concurrents est nécessaire pour garder un niveau de bruit de 72db. Notez qu’il est recommandé de laisser tourner son moulin quelques secondes supplémentaires (même quand il semble tourner à vide) pour récupérer un maximum de mouture. Il arrive parfois que les derniers grains aient du mal à passer dans les meules et sautillent dans le bac de chargement (l’effet « pop-corn »), ce qui peut faire perdre quelques secondes à l’opération.
Des points négatifs ?
Oui, il y en a. Mais ils sont directement liés à la simplicité voulue du moulin.
L’effet pop-corn dont nous vous parlons juste au-dessus, dû au fait de la mono-dose. Il n’y a aucun grain pour faire du poids par le dessus, comme dans une trémie classique, ce qui fait donc sauter le ou les deniers grains à passer entre les meules. Au-delà de faire perdre quelques secondes, on imagine surtout que la mouture ne sera pas égale pour ces quelques derniers grains, ce qui peut avoir un impact sur le résultat, surtout en espresso.
La bague de réglages infinie n’a pas de véritable « cran », ce qui rend presque impossible la précision au dixième près. L’indicateur de positionnement est également trop gros. Suis-je à 12,6 ou 12,8 ? On aurait préféré un simple trait fin, amenant plus de précision, voire des crans intermediaires marqués directement sur le moulin (certains utilisateurs ont d’ailleurs pimpé leur moulin en ajoutant ces marques).
Le pinceau de nettoyage livré avec le moulin aurait mérité d’être de meilleure qualité, les poils se détachant assez vite. La construction du moulin empêche de toute manière un nettoyage en profondeur des pales avec un simple pinceau. Une petite poire soufflante reste un must.
En conclusion
Le Niche Zero tient vraiment toutes ses promesses. Compact, silencieux et constant dans les résultats, il peut sans problème s’asseoir sur le podium des moulins domestiques à meules coniques. A moins de 600 euros, il fait oublier le mono-dose et les quelques défauts qui restent anecdotiques tant la qualité de la mouture impressione, tant pour espresso que pour filtre.
Quelques liens…
- Rendez-vous sur le site officiel du Niche Zero Coffee Grinder pour rentrer dans les détails techniques.
- Regardez le test de James Hoffman ou de The Real Sprometheus
- Un test indépendant de 17 pages (!) sur le moulin